Date de publication
13 février 2025
modifié le

Podcast “Plus qu’une fac” : le 2e épisode est en ligne

Découvrez chaque mois une voix étudiante sur des choses importantes. Dans ce deuxième épisode, Mine nous raconte une histoire de changement de décor.  

visuel podcast plus qu'une fac

L’Université Rennes 2, c’est bien plus qu’un lieu d’études. Dans chaque épisode de Plus qu’une fac, un ou une étudiante de Rennes 2 se confie sur ses choix, ses rencontres, ses peurs, ses envies… Sur ce moment de vie crucial où l’on commence à devenir soi-même. Formation, logement, engagement associatif et politique, etc. sont autant de thèmes abordés par le prisme de l’intime.

Dans cet épisode, c'est de nouveau Mine qui se raconte. Si vous ne la connaissez pas encore, vous pouvez écouter la première partie de son témoignage dans le premier épisode. Aujourd'hui, elle nous parle des montagnes turques que ses parents ont quittées il y a 40 ans et du choix qu'elle-même a fait de partir de sa ville natale pour étudier à Rennes et goûter pour la première fois à l'indépendance. 

Ecouter le deuxième épisode du podcast "Plus qu'une fac"
Contenu du texte déplié

[Musique du générique]

 

Voix off : Rennes 2, c'est bien plus qu'un lieu d'études. C'est un point où convergent plus de vingt mille destins. Un moment unique où l'on fait des choix, des rencontres et des erreurs. Où l'on apprend à être soi. Où l'on s'élance, chacun et chacune à sa façon. 

Dans cet épisode, c'est de nouveau Mine qui se raconte. Aujourd'hui, elle nous parle des montagnes turques que ses parents ont quittées il y a 40 ans et du choix qu'elle-même a fait de partir de sa ville natale pour étudier à Rennes et goûter pour la première fois à l'indépendance. 

C'est une histoire de changement de décor, tout de suite, dans Plus qu’une fac. 

 

[Fin de la musique du générique]

 

Le prénom Mine, déjà c'est un prénom turc, puisque du coup je suis turque. Mes parents sont nés en Turquie, mais moi je suis née à Quimper. Ils m'ont donné ce prénom d’après ma cousine. Ma cousine, à l'époque de ma naissance, si je ne me trompe pas, avait eu un accident qui a vraiment réduit ses mobilités. Elle était venue me voir à l'hôpital à ma naissance et elle avait demandé à ma mère de me donner ce prénom, que moi je trouve très joli par ailleurs. 

 

Mes parents viennent de la mer Noire, ils viennent de la montagne. C'est 5 montagnes qui se sont rassemblées pour un même nom. Ils sont nés dans des villages différents, mais pas très loin les uns des autres. Je pense qu'ils se sont rencontrés en Turquie, ils sont venus à Strasbourg se marier et ils ont emménagé à Quimper, à l'autre bout. Je ne sais pas pourquoi [rires]. Je ne me suis jamais posé la question de pourquoi ils venaient. Je pense que ma mère, qui était jeune à l'époque, peut-être qu'elle se disait si on allait dans un pays en Europe, comme la France, qui avait l'air vraiment un grand pays, peut-être qu'elle aurait pu vivre confortablement. C'est aussi une vision que pas mal de Turcs et Turques ont, j'ai l'impression, de la France. Chaque fois que je joue à des jeux et que je parle avec des Turcs et que je leur dis que je viens de France, ils pensent automatiquement que je suis riche, que c'est la belle vie [rires], alors que pas du tout. 

 

Alors, on est cinq frères et sœurs. Il y a mon plus grand frère qui s'appelle Selim, il est né en 97. Je ne sais pas à quel âge ça fait. Après il y a ma plus grande sœur Aïchi, il y a ensuite ma grande sœur Hava, ensuite il y a moi, Mine et j'ai ma petite 2008 qui s'appelle Bushra. On s'entend comme des frères et sœurs devraient s’entendre on va dire, on se dispute tous les jours, mais pour rigoler, on a l'habitude de se chamailler, on s'engueule tout le temps, mais c'est ça qui est drôle. Dès que je rentre sur Quimper, j'essaie de faire en sorte qu'au moins ma petite sœur et moi on puisse sortir se balader dans la ville, aller dans les librairies du coin, prendre un petit bubble tea, ce genre de choses. Mais oui, on s’entend vraiment pas mal avec mes sœurs, ou alors juste marcher dans la forêt. 

 

Je suis allée plusieurs fois en Turquie. Quand on va en Turquie, c'est vraiment pour visiter la famille, comme littéralement toute la famille de mes parents habite en Turquie maintenant. On va d'abord à Istanbul pour voir la tante, on reste plusieurs semaines là-bas, et ensuite on décale à la mer Noire où mon père a hérité de la maison d'enfance, et c'est là qu'on habite pendant un mois, à la montagne, et c'est trop bien. La vue est magnifique, c'est vraiment, c'est trop beau de voir plusieurs montagnes, c'est trop magique, j'adore. Quand j'étais jeune, j'aimais pas beaucoup. Il n'y avait rien à faire pour des enfants comme nous. Mais maintenant, j'ai vraiment envie d'y retourner, et juste de pouvoir me relaxer et de profiter de ce temps libre, sans internet, vraiment avec la nature, déconnecté du monde. C'est vraiment mon plus grand rêve actuellement. 

 

[Virgule musicale]

 

Alors de base, je ne savais pas ce que je voulais faire. En terminale, j'avais les spécialités mathématiques et AMC, donc anglais et monde contemporain, qui étaient vraiment des matières qui n'ont aucun rapport. J'étais la seule de tout le lycée à faire ces deux spécialités, et je ne savais pas si je devais me diriger vers une voie plus anglais, parce que j'aime beaucoup l'anglais, j'ai un très bon niveau en anglais, ou alors les mathématiques qui me passionnaient. Finalement, j'ai choisi les mathématiques. Et en recherchant justement sur Parcoursup “mathématiques + informatique”, parce que j'aime beaucoup l'informatique également, j'ai vu la licence MIASHS à Rennes 2. Je ne l'avais pas vue dans d'autres endroits. ça existe aussi à Bordeaux, mais je ne savais pas à l'époque. Et je ne voulais juste pas rester à Quimper. Je voulais vraiment tourner la page, commencer quelque chose de nouveau de mon côté, enfin devenir indépendante, on va dire. Et juste être un peu loin de ma famille, parce que, je sais pas, je voulais être moi-même, tout seule. Me découvrir, on va dire, vraiment, et juste pouvoir m'envoler dans ce nouveau chapitre de ma vie [rires]

 

Moi, j'aime beaucoup vivre seule. J'aime bien avoir mon espace avec moi-même, où je peux juste faire ce que je veux. Si je veux pas faire la vaisselle, je la fais pas. Personne peut m'engueuler. Si je me couche tard, je me couche tard. Je ne dérange pas mes sœurs qui dorment juste à côté et qui sont énervées, quand j'arrive pas à m'endormir, etc. Mais c'est vrai qu'au début, ça faisait un peu bizarre de passer d'un endroit où y'a 7 personnes, à juste moi-même dans un petit 20 mètres carrés, à 2h30 de tout, et loin de mon chat. C'est un peu compliqué, ouais. Quand je suis à Quimper, je me dis : « oh, j'ai hâte de rentrer à Rennes et d'être dans mon… d'être seule, d'être calme ». Mais quand je suis à Rennes, je me dis : « est-ce que je ne retournerais pas à Quimper, juste pour être avec mon chat et juste jouer avec mes sœurs, quoi ? » 

 

J'aimerais beaucoup étudier à l'étranger. J'ai pas de pays vraiment cible en tête, et je sais qu'en fonction des pays, ça peut être très, très, très cher, mais j'ai pas le budget, justement. Je sais pas s'il y a des aides d'État qui peuvent m'aider par rapport à ça. Je pensais à Erasmus aussi, mais je pense pas que ma mère serait prête à m'envoyer aussi loin. Déjà, à Rennes, ça a été un peu galère pour elle, parce que j'étais loin d'elle, et si jamais il m'arrivait quelque chose, ça aurait été galère de pouvoir m'aider immédiatement. Mais ouais, ça pourrait être intéressant d'aller à l'étranger. 

 

Ma mère s'inquiète beaucoup. Depuis toujours, elle est vraiment inquiète pour notre sécurité. Elle ne fait pas vraiment confiance aux personnes autour de nous. Peu importe, même si c'était ma meilleure amie ou autre, elle a toujours eu cette peur. Et c'est compréhensible aussi, elle ne connaît pas vraiment la langue, elle n'est pas vraiment à l'aise dans le pays, peu importe combien de temps passe. Et juste, elle veut vraiment s'assurer que ses filles aillent bien. 

 

[Virgule musicale]

 

Ma mère voulait que je fasse médecine. Elle pensait que j'en étais capable, comme j'étais très douée, on va dire, au collège et au lycée. Mais moi, je ne me voyais pas faire des études longues. Je ne me voyais vraiment pas… La charge mentale, ça me faisait trop peur. Et je ne regrette pas du tout ce choix de ne pas faire médecine. Mais non, mes parents m'ont toujours dit : “Tu fais ton choix et on est là. Peu importe les choix que tu fais, on sera toujours là pour te supporter. Si jamais ça ne va pas, tu peux toujours revenir. La maison est là, la porte est grand ouverte.” 

 

La filière MIASHS, c'est aussi la raison pour laquelle je l’ai choisie, c'est une licence très généraliste. Il y a vraiment beaucoup de matières différentes et on a le choix de choisir notre parcours en L2. Soit aller dans une voie plus économique, soit aller dans une voie plus informatique avec des sciences humaines et sociales. J'ai choisi le parcours ESDIN parce que j'aime pas du tout l'économie. Je ne peux pas tolérer l'économie [rires]. Donc le choix était vite fait pour moi. Et dans mon parcours, justement, il y a des cours vraiment trop intéressants. Au semestre dernier, on avait “introduction au droit du travail”. Cette année, on avait “grande enquête en sciences sociales”, “données textuelles”... Vraiment, je trouve que c'est une filière très intéressante. Mais il faut travailler pour réussir, sinon ça devient vite compliqué. Après deux ans de MIASHS, j'ai l'impression d'avoir fait beaucoup trop de mathématiques. J'ai dit que j'aime bien les maths, mais j'ai l'impression d'avoir trop fait de maths quand même. Et plusieurs fois au cours de l'année, je me suis remise en question, est-ce que je devrais pas plus faire une licence d'informatique. De toute façon, la raison pour laquelle j'ai choisi cette licence, c'était justement de savoir ce qui m'intéressait et ce qui ne m'intéressait pas. Et j'ai vite compris que l'économie ne m'intéressait pas. Et que c'était plus l'informatique, la voie vers laquelle je voulais me diriger. L'année prochaine, je vais continuer mes études en L3 MIASHS ESDIN. Je l'espère bien, enfin je pense, vu que mes examens se sont bien passés. Je pense que j'aurai mon année. Et de là, je vais me poser la question du master. Je ne sais pas encore quel master m'intéresse. Je ne sais pas encore les différents masters qui sont à ma disposition. Mais je pense qu'il faut que je m'y intéresse assez rapidement. 

 

Mon grand frère est trisomique. Du coup, lui, il n'est pas allé à l'université. Mais jusqu'à ses 20 ans, il a été dans une école spéciale justement. Ma plus grande sœur, elle, a réussi à faire une licence plus un master. Et là, elle a un poste très bien à Bordeaux. Ma grande sœur, elle a fait un BTS en comptabilité. Et moi, je continue justement dans une licence mathématique et informatique. Donc je pense qu'on est pas mal niveau université [rires]. Mes parents sont très contents [rires]

 

[Virgule musicale]

 

Depuis que je suis petite, quand je sors de chez moi, j'essaie de porter le hijab. Des fois, je sors sans. Des fois, je sors avec. À l'époque, c'était comme ça. Mais quand je suis venue à Rennes, je me suis dit : “Je vais porter le voile. On verra comment ça se passe.” Et j'ai eu aucun souci jusqu'à maintenant par rapport à ça. Au début, j'avais beaucoup trop peur. Je ne savais pas comment Rennes 2 acceptait les personnes voilées ou non. J'étais allée aux portes ouvertes de 2022 avec des amis. Et je n'étais pas voilée, parce que je ne savais pas justement si on avait le droit, si on pouvait ou pas. On a fait le tour du campus et on est passés à côté de deux femmes voilées qui étaient en train de travailler à la BU. Je ne sais pas d'où j'ai eu le courage, mais je suis allée les voir et je leur ai demandé comment c'était de porter le voile à Rennes 2. Et elles m'ont vraiment rassurée. Elles étaient là : “Vraiment, personne ne juge. Tout le monde vit sa vie. Chacun est comme il le veut. Donc tu peux porter le voile sans souci.” Et ça m'a vraiment donné le courage de venir voiler l'année d'après à Rennes. Le voile pour moi, j'ai l'impression, je ne saurais pas vraiment comment le décrire, mais je me sens en sécurité quand je porte le voile. Je me trouve jolie [rires]. Je trouve que le voile, c'est vraiment trop joli chez les individus. J'ai juste le sens de sécurité que je ne pourrais pas vraiment décrire quand je porte le voile. 

 

C'est vraiment une chose à laquelle je pense beaucoup, le port du voile par rapport à mon futur professionnel, on va dire. Quand j'étais petite, je voulais être professeure, prof d'anglais ou prof de maths. Sauf qu'en France, on n'a pas vraiment le droit d'être prof voilée. Et moi, je ne compte pas enlever mon voile pour être professeure. Donc malheureusement, je pense que je dois abandonner cette voie. Sauf si je décide d'aller en Turquie, peut-être pour être professeure là-bas. Ça pourrait m'aider. Mais moi, je voulais être prof voilée en France. 

 

Sur le campus, je n'ai jamais eu de problème. Et je pense que hors campus, c'est juste des regards. Et j'ai l'habitude d'avoir des regards des personnes qui ne sont pas forcément à l'aise. Je ne saurais pas comment décrire, mais il y a toujours ce regard qui juge un peu les personnes voilées. Mais ça ne me dérange pas plus que ça. 

 

Je trouve que Rennes 2 est une université vraiment diverse, dans tous les sens du terme. Et c'est ça qui rend Rennes 2 jolie, on va dire. C'est impossible qu'on se sente seul·e à Rennes 2, on rencontre forcément quelqu'un qui a les mêmes valeurs, les mêmes origines, les mêmes goûts que nous. C'est ça que j'aime bien chez Rennes 2. 

 

[Musique du générique]

 

Voix off : Plus qu'une fac, c'est un podcast de l'Université Rennes 2 réalisé par le service communication. 

Un grand merci à Mine, à qui l'on souhaite d'avoir toujours autant de courage à partager et de trouver un maximum de pastèques sur son chemin.

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